Faisons-nous du rentre-dedans...

Gouverner est un plaisir, une denrée rare que peu de gens sont aptes à comprendre ou à atteindre. Oberon, lui, côtoie le rôle de roi depuis de nombreuses années qu'il ne compte plus. Apprécié de son peuple, il a su bien se faire voir et être respecté. Bien que doté d'une apparence aimante pour les siens, le magicien dissimule en réalité un caractère difficile à cerner et même à supporter. Imbu de sa personne, il ne montre aucune douceur envers ceux qui ne le respectent pas ou pire, qui ne prennent pas la peine d'agir de la manière que monsieur considère comme adéquate. Il est un être de poigne et de puissance et pour ces deux raisons, les gens qu'il rencontre sont dans l'obligation de faire des efforts en sa présence. Cette journée ou du moins cette rencontre en est la preuve concrète.

Seul et non-accompagné de gardes, le souverain se promène dans son lieu de vie. Rôdant dans les jardins les mains jointes dans son dos, il se contente de se promener sans raison concrète. La matinée avait été difficile pour l'homme qui avait dû passer de réunion en réunion sur des sujets divers et variés. Agacé. Oui, Oberon l'est c'est certain car les journées comme celle-ci donne l'impression de durer des années pour son plus grand mal-être. Sur le point de passer dans une autre allée du lieu végétal, le voilà avec vigueur percuté par une immense tige blonde. Son corps chute à la manière d'une feuille, ses fesses à présent contre le sol.

Rage. Ce sentiment extrême l'envahit par tous les pores tandis qu'il se redresse par lui-même et ce, malgré la vaine tentative d'aide de son agresseur. Le faciès frigide et le regard noir, le roi se contente de regarder de haut en bas Tomoé. « Êtes-vous un être complètement stupide ? » dit-il à la manière d'une question bien qu'elle ne semble pas à bien écouter en être vraiment une. D'ailleurs, son ressentiment négatif à l'égard de son vis à vis s'accentue d'autant plus à l'instant où il tente de le dépoussiérer. Les mains crispées, il donne un petit coup sur l'une des siennes trop proche de lui à son goût. « Vous en avez assez fait vous ne pensez pas ? Gardez donc vos doigts sales loin de ma personne. » Le ton qu'il use est d'une froideur sans nom, se regard se hissant quant à lui vers celui du héron. « Oui fermez dont votre clapet, d'autant pour plus dire de telles âneries. » Il ne dit plus rien par la suite, durant une longue poignée de secondes puis, enfin, il s'adresse à nouveau à lui. « Qui êtes-vous ? » 

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C'est un fait certain, l'apparence habituelle du roi ne donne pas une impression de gentillesse, bien au contraire. Le regard souvent hautain, son attitude à longueur de temps figée dans cet éducation stricte. Seules ses nombreuses parures qui ornent les bijoux et les vêtements du magicien donnent une fausse impression de sainteté. En l'occurrence en ce moment même, même ce dernier détail semble invisible. Le regard noir, Oberon ne montre aucune compassion, ni même un mouvement de sourcil. Son attention figée sur le faciès de son vis à vis, il reste plongé dans le silence suite à son interrogation. L'homme ne montre pas un réel intérêt quant à son identité sauf peut-être pour le nommer par son nom à l'instant où il souhaitera se venger.

C'est alors que la statue blonde prend la parole, répondant sans détour à sa question anodine. Intrigué. Comment peut-il connaître le statut de roi qui l'incombe ? Peu étonnant de le constater la plupart du temps, il semble perplexe cette fois-ci. Il n'est accompagné d'aucun garde et le visage de cette tige lui est inconnu. De toute évidence, vu sa taille, il se souviendrait de lui. D'autant plus avec son air stupide qui ne cesse d'habiter son expression. « Et Tomoé ne possède dont pas de nom de famille ? Seriez-vous l'un de ses manants ? » dit-il en compagnie d'une ironie pleinement maîtrisée. Il poursuit sur le même ton que précédemment, calme et posé. « Ménestrel qui plus est. Pourtant votre voix est si stridente je le crains. » Mensonge. Il se fout totalement de ce détail tant que la remarque peut s'avérer malsaine. Le sorcier fait même mine de se pincer le haut de l'arrête du nez, comme pour calmer une migraine incessante. La suite cependant arbore un sérieux pesant. Le regard du souverain passe de haut en bas sur son interlocuteur, comme pour analyser le pourquoi du comment du mystère. Qui peut bien être cet homme loufoque ? « Il ne me semblait et ne me semble toujours pas connaître votre identité et pourtant vous, c'est le cas. Peut-être devrais-je me sentir flatter mais ce n'est pas le cas. Vous venez après tout de littéralement me jeter au sol. » D'un mouvement sec, le roi se craque la nuque. « D'où venez-vous ? » L'interrogatoire se poursuit tout naturellement sous le regard furieux d'Oberon.

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Qui peut bien être cet imbécile qui a osé se placer sur le chemin du souverain ? L'attitude toujours aussi frigide et distante, il se contente de le regarder dès l'instant où il prend la peine de lui offrir des réponses plus convenable. Du moins, c'est le sorcier qui en jugera. Lui et lui seul. Les bras croisés, ses mains semblent un peu se crisper, comme symbole de son énervement ambiant. « Vous devriez prendre l'habitude de le donner votre nom. Vous passez pour un manant, même si vous insinuez le contraire. La populace n'est pas forcément assez intelligente pour passer outre les apparences. » dit-il en levant les yeux vers le ciel. Bien qu'intrigué sur sa provenance, il ne prononce rien, espérant qu'il en dira plus sous peu. Le pauvre héron n'aura guère le choix de toute manière. 

Le regard d'Oberon se fige finalement vers les lèvres de son vis à vis. Ce sourire, cette attitude, quelle joie pour le sorcier que de ressentir le mal-être d'un autre. Un brin moins agacé, il semble plus calme bien que la sensation est à peine perceptible. Un ricanement sarcastique se fait entendre. « N'en faites dont pas trop, vous vous enfoncez. » Le souverain hausse ses épaules avec nonchalance puis joint les mains dans son dos. « Oh, Sollvaec. Vous n'êtes pas là pour mettre le nez dans mes affaires j'espère ? Les gens de cette nation ne sont bons qu'à cela. Oh si, à n'être que des fanatiques aussi. » Un fin soupir quitte sa bouche dès qu'il achève sa prise de parole. Au même instant, le roi effectue un petit mouvement de menton vers le ménestrel afin de lui indiquer de le suivre. « Je me promenais. Je ne vois aucune raison de m'arrêter. » L'aveu prononcé, il se promène avec lenteur tout en continuant comme si de rien était. « Que faites-vous dans ma nation ? Je suis perplexe. »

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La promenade débute donc. Les mains jointes dans son dos, le sorcier observe les alentours tandis qu'il use de pas succincts. Son camarade est à sa droite, le souverain ne quittant pas ses expressions des yeux malgré ses brèves observations du paysage. Lui qui souriait tant en arrivant, le voilà surpris de le voir ainsi, sans rictus ou du moins, sans cet air niais sur le faciès. Car il y a bien une chose que le roi déteste au plus au point ; les imbéciles, les petits cerveaux comme il aime tant à les appeler. En espérant que la tige blonde ne soit pas l'un d'eux. Cela commence plutôt mal, la réponse de son vis à vis ne le convainc qu'à moitié. « Quelle surprise, un être de Sollvaec qui n'est pas croyant. C'est un peu comme insinuer qu'un oiseau ne sait point voler. Une aberration. » Le rire n'est pas retenu, pour ne pas dire qu'il est exagéré.

Il se reprend du mieux qu'il peut, conservant un rictus en coin figé sur ses lèvres. Peu certain d'en avoir assez dit, il commente une nouvelle fois en compagnie de son fameux air sarcastique. « C'est une technique comme une autre pour m'approcher. La subtilité n'est pas une denrée très prisée chez les fanatiques. » Attentif, il s'efforce d'écouter la nouvelle prise de parole du grand blond. D'ailleurs, les mots qu'il use cette fois-ci sont bien mieux choisis, satisfaisant bien d'avantage le magicien. Il ne devient pas pour autant agréable, n'oubliant toujours pas la bousculade du début de la rencontre. « Ce n'est guère étonnant, pour ne pas dire totalement normal de vous voir apprécier de venir en ma nation. Elle est la plus belle de toute, de toute évidence. » La fierté dégouline par tous les pores du roi. « Et non rien de surprenant mais, vous m'avez agacé, de ce fait je me dois de me venger un peu. Vous regarder patauger dans votre mal-être. » Il effectue un petit moulinet de la main afin de l'inciter à poursuivre ses mots. Sur quel sujet ? Allez savoir bien qu'il ferait mieux d'éviter de finir noyé.

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Un pas puis un autre, le roi ne se las pas d'observer ou plutôt admirer les jardins de son château. Les mains encore et toujours jointes dans son dos, il crispe soudainement ses doigts à la nouvelle remarque de son vis à vis. Comment ose-t-il prendre son aise de la sorte ? Comment cette tige blonde peut-elle encore se croire si libre de ses mouvements après une telle en compagnie d'un souverain, le plus grand de tous qui plus est. Sans montrer une autre réaction, Oberon poursuit le chemin bien que prenant tout de même la parole, il y a des limites. « Voyez-vous, j'ai une admiration certaine pour les oiseaux mais, voilà que vous me citez les deux plus moches créatures de cette race. Vous êtes vraiment un pitre. » dit-il dans l'unique but de surenchérir sur le sujet qui semble talonner l'invité. D'ailleurs pourquoi une telle réaction ? Arrêt. Oui, sans prévenir le sorcier fige son mouvements, laissant même ses bras se replacer le long de son corps. Et si ? D'un mouvement de la tête il observe le ménestrel, de haut en bas. « Vous ne seriez tout de même pas ? »

Le sorcier n'attend aucune réponse, même pire il finit par n'offrir que son dos à son interlocuteur. Les lèvres en compagnie d'un sourire carnassier, il se laisse subjuguer par son hypothèse ou plutôt, sa certitude. Et si cet homme était un héron ? Sa provenance en est la preuve ainsi que cette pureté qui ne cesse de l'accompagner. Cette dernière ne fait d'ailleurs que donner la nausée au souverain. Arrivé face à un buisson composé d'une multitude de roses, il se penche un peu afin de sentir l'une d'elles. Du bout du doigt, il va même jusqu'à frôler les pétales de la plante. En voilà une situation qui pourrait s'avérer intéressante et la confirmation ne saurait tarder. Le faciès à nouveau neutre, l'homme se replace en face de Tomoé bien que conservant la nouvelle petite distance qui les sépare. Les bras croisés, il répond à sa dernière remarque. « Vous pouvez vous attendre au pire car je sais me montrer cruel. Si vous saviez à quel point d'ailleurs. Je ne suis de ce fait pas connu pour ma grande sympathie envers les étrangers. » Son regard ne quitte plus celui de son vis à vis, une seule pensée ne cessant de le talonner. Viens donc petite chose, lis donc dans ses pensées. Si la supposition est véridique il le fera, l'académie de magie lui a enseigné cette information primordiale à leur sujet.

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Une statue. Le souverain s'efforce de rester droit, ne quittant plus des yeux son invité de la journée. Héron ou méprise ? Le sorcier ne peut s'empêcher de vouloir en apprendre plus, de cerner la réalité de la chose. Une telle découverte pourrait changer de nombreuses choses pour lui. Un membre d'un peuple sacré au sein de sa nation, quel douce ironie. Un sourire carnassier. « Vous êtes là pour distraire le monde ? Que c'est amusant le Ménestrel. Si vous saviez comme je suis distrait en ce moment même. » avoue-t-il tout en conservant son expression, celle d'un homme pleins de secrets. Avec lenteur il finit par joindre ses mains dans son dos puis par avancer à nouveau vers le blondinet. Une légère bise les entoure tandis que la boucle d'oreille du roi commence à scintiller un peu. Son regard reste figé dans celui de son vis à vis.

Il se fond en excuse, Oberon se contente de ne rien dire, pas même un son ne quitte sa bouche. Son attention passe de haut en bas sur son invité puis il redresse le bras au niveau du visage de Tomoé. Le vent présent autour des deux protagonistes vient se rassembler dans la paume du souverain, sous la forme de la silhouette d'un héron, de petite taille. « J'aime la franchise du moins, elle pourrait vous aider à remonter la pente dans mon estime. » La bise se calme finalement, la cape du sorcier cessant de virevolter. La petite création de la taille d'une figurine reste elle bien présente dans la main du roi qu'il conserve tendue en direction du visage du blondinet. « Vous voilà en compagnie d'une dernière chance. Je vous donne même un indice. » dit-il en compagnie d'un faible ricanement. « Je suis tout ouïe. » Le rictus qui l'habitait disparaît, sa mine persistant à présent dans un sérieux déstabilisant.

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Une forte teinte d'agacement commence à l'envahir.

La main du souverain reste tendue vers son vis à vis, la création dès à présent figée dans la paume de sa main. Le héron créé en compagnie du vent semble effectuer un faible mouvement de haut en bas, comme pour béqueter quelque chose au niveau des doigts du sorcier. Il attendait une réponse et se retrouve avec rien excepté cet air totalement benêt et ahuri. Qui a bien pu lui offrir un imbécile pareil ? D'un geste succinct, Oberon serre son poing avec vigueur, crispé. Le vent se dissipe tout aussi rapidement, d'autant plus à l'instant où il replace ses bras le long de son corps. « Bien entendu que je suis doué, imbécile. Je suis le souverain d'Asmosa. Cela est tout aussi logique qu'insinuer que l'eau mouille. » Le ton qu'il emploie est piquant pour ne pas dire agressif.

L'attitude du roi était déjà emprunte de méchanceté et pourtant, voilà qu'il emprunte une manière d'agir bien plus agressive. Ses gants en cuir émettent un petit son, un faible grincement tandis que ses doigts se crispent, les poings serrés. Lentement, son cou se craque d'un faible mouvement de sa nuque. « Ma patience à des limites. » Il s'avance encore un peu en direction de son vis à vis, l'attrapant au final par le col. « Es-tu un héron ou non ? Puisqu'il me faut être direct, je vais l'être. » C'est certain. Même le vouvoiement semble être passé à la trappe.

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La haine l'envahit, il le tient, il se paralyse.

Enfermé dans ses pensées, le souverain ne quitte plus des yeux son interlocuteur. Bien que plus petit que lui, il ne montre aucune hésitation, pas une once de gêne quant à la l'étrange tournure de la conversation. L'énervement qui l'incombe est à son comble mais voilà qu'un fin sourire vient orner ses lèvres au dernier commentaire du Ménestrel. Les excuses quant à son attitude ont sûrement aidé à calmer un peu la rage du magicien. Avec lenteur, il libère donc le tissus du col de Tomoé. Un geste puis un autre. L'homme retire la poussière qu'il pourrait avoir au niveau de ses manches, comme pour se purger de ce qu'il perçoit comme la souillure de son interlocuteur. Il vient se pincer l'arrête du nez. « Je patauge dans l’imbécillité. » Un pas en arrière. Un second.

Oberon offre une nouvelle fois son dos à son invité, plaçant ses bras le long de son corps. Cette dernière phrase. Cette fausse interrogation. Le sorcier prend cela comme un aveux et ce, peu importe les tentatives qu'il pourrait essayer d'user. « Pourquoi dites-vous une telle sottise ? Bien au contraire. » Il se tourne à nouveau face à sa cible. « Ma haine n'est présente que du fait de votre manière d'agir. Vous ne volez pas plus haut qu'un derrière de cochon, mon pauvre Ménestrel. » Un rire puis il poursuit. « Les Hérons sont bien seules choses que je respecte en provenance de Sollvaec. Vous êtes les seuls légitimes êtres. » dit-il en le désignant déjà sans aucune gêne, comme déjà persuadé de son identité. « Vous savez aussi être utiles, si vous saviez. » Ses mains se joignent dans son dos dès l'instant où il achève ses mots puis, le silence.

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La patience titube. La patience tremble.

Le souverain n'est pas connu pour sa sympathie, il n'est pas un être agréable qui sait faire des efforts pour les autres, d'autant plus quand il s'agit d'étrangers à sa nation qu'il chérit tant. Son avis sur les hérons était sincère, il les pense digne, il respecte les pouvoirs qu'ils possèdent tous autant qu'ils sont. Mais ses objectifs sont flous, sa manière d'appréhender de tels pouvoirs est méconnue de tous. La destruction ? Offrir un avenir radieux à sa nation ou au contraire la lancer dans la guerre ? Le mystère persiste mais son envie d'en apprendre d'avantage sur les hérons est elle claire et précise.

Les mains jointes dans son dos, le souverain enlace son bras de ses doigts, crispé. Comment retenir cette pulsion, cette soudaine action qui le démange, celle de le placer dans ses geôles histoire de l'utiliser au bon moment, à bon escient. Mais son pays, son aimé se doit de passer avant tout et une telle décision ne ferait que la placer dans une mauvaise posture. « Vous continuez donc de nier bêtement ? Soit mais je ne rabaisserais pas à échanger avec quelqu'un de votre genre. » Il se détourne et avance de quelques pas. Il poursuit sans prendre la peine de se tourner. « Mes relations avec votre nation d'origine sont mauvaises et je ne souhaite pas les dégrader d'avantage. Quittez les lieux, je ne veux plus vous voir. Ne revenez plus en ma capitale tant que vous n'aurez pas le courage d'assumer votre être. » Le ton usé par le souverain est froid et menaçant. A présent, la décision est de son côté.

faisons-nous du rentre dedans

La tension est palpable, très tendue. Le souverain n'offre dès à présent que son dos à son invité du jour. Les bras croisés au niveau de son buste, l'homme est crispé, très agacé par la tournure de cette étrange discussion. La menace, le roi aura même finit par menacer le héron. Son impatience commence à se faire sentir, à rythmer la conversation bien qu'enfin, oui enfin il avoue. Un fin sourire vient envahit les lèvres du mage, il ne se place pas pour autant face à lui. Sans un mot, pas même une bribe de parole, Oberon laisse avec un malin plaisir la tige blonde achever sa prise de parole, son monologue. Puis il prend une grande inspiration sans aucune discrétion. Il la relâche pas la suite dans un soupir long et surjoué. « Il vous en aura fallu du temps. Pour si peu qui plus est. »

D'une petite rotation du corps, le voilà à nouveau en face à face avec Tomoé. Son faciès est bien plus posé que tout à l'heure, plus neutre et calme. Son agressivité ambiante est comme évaporée. Le sorcier reprend la parole sur un air apaisé. « Voyons, ne partez dont pas si vite en besogne mon cher. Nul besoin de vous sentir obligé de vous justifier. » Un pas. Un second. Voilà qu'il s'approche à nouveau de son vis à vis. De sa main droite il va même jusqu'à pincer sa joue comme le ferait une mère à son enfant. L'homme se met même un peu sur la pointe des pieds de par la différence de taille. Un étrange sourire siège dans son expression. « Être utilisé de nouveau, pauvre héron. Asmosa n'est point Sollvaec. Ici vous ne serez en rien utilisé pour pavané mon Cher. Vous méritez le respect plus que quiconque. D'ailleurs, je vais garder votre véritable nature pour moi. Cela vous convient-il ? » Franchise ou bien tentative de manipulation ? Allez savoir, l'homme est un tel comédien qu'il est ardu de palper la vérité.

faisons-nous du rentre dedans

La manipulation est tout un art et dieu sait que le souverain de la nation des mages est plus que prompt à cette activité. Il aime l'utiliser à longueur de temps, que cela soit pour des sujets communs comme des choses bien plus sérieuses et primordiales. En l'occurrence, ici, il se trouve face à un sujet qu'il considère comme sérieux. Un Héron, jamais il n'aurait pensé se trouver face à l'un d'eux, d'autant plus au sein de sa propre capitale, de son jardin royal. Le regard du sorcier ne le quitte pas, comme à l'accoutumée. C'est ainsi, le roi ne souffre d'aucun manque de confiance en soi et se retrouver en face à face avec un individu dont il ne connaît presque rien ne le dérange pas du tout. Un fin rictus à la prise de parole de son vis à vis.

Ce qu'il pourrait souhaiter en retour ? Que c'est amusant que de voir son interlocuteur loin d'être un imbécile. Lui qui c'était montré si naïf, voilà qu'il a tendance à surprendre le sorcier. L'adage de ne jamais se fier aux apparences est plus que véridique. Un faciès faussement étonné, il va même jusqu'à placer sa main au niveau de son buste, comme offusqué. « Et bien et bien, la gentillesse et la compréhension ne seraient plus des denrées gratuites ? Pourquoi aurais-je forcément une idée derrière la tête ? » Puis il lève mes yeux au ciel tout en dressant un peu ses épaules. L'homme finit par joindre ses mains dans son dos, encore. « Je n'attends strictement rien excepté peut-être pouvoir vous revoir au sein de ma Cité, un jour. Je ne vois pas comment un ménestrel lambda comme vous pourrait m'apporter quelque chose. Sans vous vexer. » Essayer de noyer le poisson, surtout essayer.