Il est en temps de refermer le rideau sur un acte peu allègre. Le ton et la sentence ont été donnés. Anhlyr ne patiente guère devant la réponse des deux adversaires restants, dont l'esprit se ravise, sachant que les deux seigneurs en face d'eux ne sont guère faibles. Même l'héron peut être un courroux qu'ils ne préfèrent pas subir. Alors les voilà, tête baissée, sans aucun honneur, perdant leur dernière once de fierté. L'atmosphère aurait pu s'alourdir sans l'intervention d'une réplique narquoise et mutine du roi loup. Décidément, il a une langue bien pendue qui lui correspond assez bien. Mais cette boutade semble dissimulé quelque chose. La femme-^bette le perçoit mais interrompt son don dès lors qu'elle entrevoit des trémolos dans l'esprit de son suzerain. Elle ne dit rien, sans même tiquer que le terme appuyé de demeure usé. Elle est assez affaiblie comme cela. Nul besoin ni de pouponner ce bravache roi qui semble vouloir jouer aux gros durs, ni de participer à son jeu.

Elle a d'autres choses à faire. Elle rejoint les nouveaux membres de sa famille, du moins des membres dont personne n'en tendra parler. La femme-héron ne pardonne pas toute personne qui ait voulu lui porter atteinte. Même si ce ne sont que des êtres obéissants suivants leur maître, ces deux-là ont en voulu à sa vie et à celle de Naberius. Le pardon ne se soumet pas. Il n'est pas admis. Les pas s'approchent d'eux et un murmure est adressé à chacun. Le premier ordre qu'il reçoit de la régente de granite. Ceux-là disparaissent de suite parmi le dédale souterrain. Puis une fois leur présence effacée, Anhlyr s'incline devant le roi des Algiz pour le laisser passer avant de rétorquer jovialement :

« - Oh vous savez... Ilmyde et mes souterrains peuvent vous réserver tellement de surprise. Il semblerait que vous aimez mes couffins et mes draps. Que diriez-vous d'une chambre semblable à l'une des chambres de votre palais mais avec mon type de décoration ? Je pourrais même vous installer cela chez vous. Sur ce, avançons et merci de me pardonner pour cette punition nocturne.»

L'héron avance alors tranquillement, déambulant dans les carrières qu'elle parcoure par réflexe, profitant enfin du calme apaisant, savourant cette paix éphémère de la nuit. Il est temps de se reposer et qui sait partager encore une histoire avec Naberius...